Dans l’estuaire de la Loire, faites le plein d’énergie

À mi-chemin entre Nantes et Saint-Nazaire, un tout nouveau centre montre la richesse des soixante derniers kilomètres du plus long fleuve de France.

Construire un équipement touristique à deux pas d’une centrale thermique, il fallait oser. C’est le pari de Terre d’Estuaire qui a ouvert à Cordemais, en Loire-Atlantique. Il suffit de monter dans le ballon captif – clin d’œil au Nantais Jules Verne-, à 25 mètres du sol, pour s’en convaincre. Le regard, d’abord happé par le charbon et les hautes cheminées de la centrale, s’arrête ensuite sur le haras, l’hippodrome, le village autour de son église et le petit port encore actif.

Une vingtaine de bateaux sont là, amarrés sur un ancien bras de Loire, prêts à appareiller pour pêcher la civelle. Derrière, si le brouillard ne s’invite pas, on distingue le fleuve qui s’élargit et file à travers les prairies vers Saint-Nazaire, ses immenses installations portuaires et l’océan. Terre d’Estuaire n’est pas un musée avec des collections fixes, mais un centre d’interprétation à l’anglo-saxonne.

Une grande place est laissée à l’interactivité. Petits et grands poussent de petits bateaux dans le bassin, débusquent des épaves façon jeu vidéo et hissent le drapeau pirate. Des écrans complètent l’information, sur la flore, la marine ligérienne ou le chenal de navigation. Les ornithologues en herbe font chanter l’effraie des clochers et le tarier des prés avant de s’étendre devant le documentaire sur les oiseaux migrateurs projeté au plafond.

Rien de mieux cependant que d’aller sur le terrain, ou plutôt sur ces eaux saumâtres dans lesquelles la marée s’engouffre jusqu’à Ancenis. Terre d’Estuaire organise des sorties, balades d’une heure ou croisières de 2 h 30, sous l’égide d’un pêcheur professionnel. L’occasion d’écouter les vrais oiseaux auprès des roselières et de sentir la force du vent qui gonflait naguère les voiles de la plupart de nos embarcations.

Plus que jamais, le vent fournit de l’énergie, un immense parc de 80 éoliennes est d’ailleurs prévu en 2022. Il se situera en mer, de 12 à 20 kilomètres de la côte, face à Saint-Nazaire. Sur le port, avec vue sur le large, le centre éolien EOL accompagne ce projet. Également interactif, il part des ailes des moulins et fait pédaler les visiteurs pour actionner une hélice.

Retour à Nantes par la rive nord ou sud ? Chacune a son charme et son lot d’œuvres rattachées au Parcours Estuaire. Elles ont été disséminées le long du fleuve depuis 2007. ainsi, cette maison immergée dans les eaux vers Couëron ou l’observatoire dans les marécages de Lavau. À Cordemais, on a installé une petite villa au sommet d’une cheminée copiée sur la centrale. les touristes s’y pressent, goûtant autant cette réalisation insolite que son environnement naturel.