Cassel, au cœur des traditions flamandes

Qui dit Flandre dit, à raison, une grande plaine dont les seules éminences seraient les terrils du bassin minier. C’est compter sans les monts, à mi-chemin entre Lille et la mer du nord. Lorsque la mer se retira il y a 35 millions d’années, des dunes se formèrent puis résistèrent en se couvrant de grès. Il en résulte une quinzaine de buttes, prisées des randonneurs dès les premiers beaux jours.

Parmi les plus renommées: le mont des Cats et son abbaye cistercienne, le mont Noir avec l’ombre de Marguerite Yourcenar et le mont Cassel, point culminant du haut des ses…176 mètres. Sauf par fort brouillard, Cassel s’offre donc aux regards à des kilomètres à la ronde.

Depuis le sommet, la vue porte jusqu’à Dunkerque et la côte, embrasse les monts voisins, la Belgique et même les terrils de la base de Loos-en-Gohelle. Le site s’agrémente d’un moulin à vent sur pivot et de la statue équestre du maréchal Foch. Celui qui n’était alors que général prit ses quartiers dans la commune en 1914-1915.

Quant au moulin, déplacé ici au XIXe siècle, il évoque les 21 autres que comptait naguère la cité. Il suffit de descendre la rampe alpine pour se retrouver sur la Grand-Place. Malgré les bombardements de la Seconde Guerre et les hôtels particuliers en attente de rénovation, elle  garde fière allure.

Devant le musée de Flandre, une plaque dorée proclame « Le village préféré des Français 2018 ». La belle a remporté l’émission de France 2, présenté par Stéphane Bern, en juin dernier, devançant le Mont Saint Michel.

La fréquentation a depuis doublé, jolie façon de reconnaître la beauté de cette cité toute en briques, mais aussi de valoriser la culture flamande. Certes, il y a la pratique de la langue ou le tir à l’arc vertical, mais la gastronomie s’apprécie plus facilement. L’incontournable bière artisanale, brassée jusque dans les garages, fait l’objet d’un concours à Sainte-Marie-Cappel.

Les estaminets fleurissent, servant la carbonade ou le potjevsleech (un assemblage de viandes en gelée). Les plus authentiques reçoivent le label local « Estaminets flamands ». Les fêtes, à commencer par le carnaval, ont également la part belle. À Cassel, il y en a même deux: un carnaval d’hiver -dimanche avant le Mardi gras, soit le 3 mars -, et un le lundi de Pâques.

Mêmes costumes et réveil en fanfare, une pointe de folie supplémentaire la deuxième fois, avec non seulement la sortie du géant Reuze Papa, mais aussi celle de son épouse Reuze Maman. Le reste de l’année, les mannequins originaux dorment au musée de Flandre, cachés par une paroi en ombre chinoise.

À partir du 16 mars, ils seront plus que jamais à  leur place puisque le musée organise une exposition de peinture intitulée « Fêtes et kermesses au temps des Brueghel ». Les plus grands musées européens prêtent leurs œuvres, preuve que, en Flandre, même sans avoir la taille d’un géant on peut en avoir les ambitions.

Des Pays-Bas à la France

La bataille de la Peene est un fait militaire fameux, car elle décide du sort d’une bonne partie de la Flandre intérieure. Les 10 et 11 avril 1677, 60 000 hommes s’affrontent dans les marécages. D’un côté Guillaume III d’Orange commande les forces hollando-espagnoles, en face Philippe d’Orléans, frère de Louis XIV. Au final, 5000 morts, 7000 blessés et une victoire décisive pour le Roi-soleil. Une maison de la Bataille, animée par une dynamique association, en retrace les temps forts.