Dans les Hautes-Pyrénées, près du célèbre col du Tourmalet, l’ascension du pic du Midi, qui s’avance telle une vigie, permet de tutoyer les étoiles.
Deux téléphériques s’enchaînent pour gravir le pic du Midi de Bigorre, avant-poste des Pyrénées. Départ de la station de La Mongie, une première montée de 556 mètres mène à la gare intermédiaire du Taoulet. Une poignée de skieurs s’arrêtent là pour taquiner la poudreuse. les autres embarquent pour six minutes de plus , et monter d’autant en enjambant deux vallées. En un petit quart d’heure, on passe ainsi de 1800 mètres à 2877 mètres d’altitude. Durant l’ascension à peine troublée par de rares à-coups, le regard est obnubilé par ce pic à l’approche et par le vide de part et d’autre.
Le panorama coupe d’autant plus le souffle, lorsque l’on se retrouve sur la terrasse sud. Toute la chaîne des Pyrénées s’étire sur 300 kilomètres. L’Aneto, point culminant côté espagnol, le Vignemale, le Néouvielle, le Taillon en surplomb du Cirque de Gavarnie… les sommets de plus de 3000 mètres semblent au garde-à-vous face aux dix coupoles de l’observatoire. En fin d’hiver, par -12°C, alors que la neige s’agglomère en congères, la vision de ces pics immaculés est inoubliable. Elle l’est tout autant l’été, quand lacs et ruisseaux réapparaissent et que l’herbe tapisse à nouveau les plis et les creux.
Quelques pas, prudents tant que le sol est verglacé, mènent à la nouveauté 2018. « On l’appelle « le ponton dans le ciel » pour son côté maritime, raconte Daniel Soucaze des Soucaze, le directeur du site. C’est comme une avancée au-dessus de la plaine. Parfois les nuages forment une mer dont seuls quelques pics émergent ». La passerelle de 12 mètres de long a été élaborée en France durant trois mois, héliportée en tronçons et inaugurée le 10 février. On distingue aisément le lac de Payolle, Bagnères-de-Bigorre et Tarbes, un peu plus loin, à 40 kilomètres. Par temps clair, la vue porte jusqu’aux contreforts du Massif central. Pour renforcer le spectacle et tester sa résistance au vertige, l’extrémité a été munie d’un plancher transparent. Les premiers rochers ne sont pas bien loin mais la pente dévale de plus de 1000 mètres. Frisson garanti !
« Depuis 1878, le Pic du Midi peut être considéré comme un village autonome, le plus haut de France. Une dizaine de personnes y vivent en permanence et empruntent 5 kilomètres de coursives sur six niveaux », explique Daniel Soucaze de Soucaze. Il peut s’agir de scientifiques, d’astronomes amateurs ou de techniciens, attachés à l’antenne de 103 mètres et aux émetteurs de TDF. Ces installations irriguent en télé, radio et téléphonie une bonne partie du sud-ouest. Pour ses 140 ans d’installation humaine, le Pic du Midi de Bigorre se transforme.
Il convenait en effet de mieux accueillir les 120.000 touristes qui se baladent chaque année au sommet, depuis l’ouverture au public de ce site scientifique en 2000. Un planétarium présente désormais le ciel étoilé ainsi que quatre films en alternance tandis que le restaurant gastronomique, « le 2877 », régale les gourmets. Depuis juin, deux étages de musée présentent l’histoire et les activités scientifiques du site de façon ludique. D’ici la fin de l’année 2018, les visiteurs disposeront aussi de tablettes multilingues dotées de réalité augmentée. Voilà de quoi faire du Pic un lieu en pointe !