Compiègne célèbre le centenaire de l’armistice

Les commémorations de la Première Guerre mondiale se sont achevées en grande pompe le 11 novembre 2018. Direction Compiègne, dans l’Oise, avec sa clairière de l’Armistice remise à neuf.

11 novembre 1918, 2h du matin. Après trois jours d’âpres négociations, la séance reprend dans le wagon français. L’accord final est enfin trouvé à 5h15. Les quatre représentants allemands s’inclinent devant le Maréchal Foch, le Général Weygand et les deux amiraux britanniques et paraphent le document d’armistice. Le conflit dure depuis 42 mois et a fait 1,5 millions de morts rien que pour la France.

L’armistice entre en vigueur à 11 heures. À 10h50, un dernier poilu tombe: Augustin Trébuchon transmettait à son capitaine l’annonce de la fin de la « Grande Guerre ». Un jardin commémoratif porte désormais son nom en retrait de la clairière . Exactement cent ans plus tard, le président Emmanuel Macron et la chancelière Angela Merkel viennent s’y recueillir, témoignant de l’amitié franco-allemande.L

Appelé à tort clairière de Rethondes, alors qu’il se trouve sur la commune de Compiègne, le site n’était qu’un coin perdu dans la forêt, équipé de rails pour les tirs d’obus. Depuis 1922, il est aménagé en un cercle de 100 mètres de diamètre desservi par une allée solennelle. Au centre, une dalle sacrée proclame : « Ici, le 11 novembre 1918, succomba le criminel orgueil de l’empire allemand vaincu par les peuples libres qu’il prétendait asservir. »

Non loin, les emplacements des wagons allemands et français figurent au sol. Le plus fameux, celui où fut signé l’acte, est à l’origine un wagon-restaurant de la Compagnie internationale des wagons-lits, mis à disposition de l’Etat-major. On a construit pour lui un musée-abri juste à côté. Revanchard, Adolf Hitler l’en sort pour signer l’armistice de 1940 à l’emplacement précis de 1918. Puis il fait labourer la clairière, ne conservant intacte que la statue de Foch, par respect pour le soldat.

Emporté à Berlin, le wagon d’origine brûle en 1945. Après-guerre, tout est remis en place, une réplique aménagée à l’identique remplaçant le wagon détruit. Pour le centenaire, la clairière se refait une beauté, la pelouse est renouvelée, le sol est drainé et rehaussé de 35 centimètres pour éviter les flaques aux chaussures des officiels et des visiteurs. Un nouveau jardin de la paix franco-allemand borde l’allée qui mène du parking à la clairière. Le musée lui-même vient d’être repensé et modernisé. La présentation insiste sur la période de l’entre-deux-guerres pour comprendre le passage d’un armistice à l’autre.

Tout autour les chênes et les hêtres entrent dans l’hiver. La forêt domaniale de Compiègne s’étend sur 150 km². À la belle saison, randonneurs et cyclistes sillonnent les voies aménagées. Durant des siècles, l’abondant gibier y attire les rois de France. Leur relais de chasse devient peu à peu un palais. Rebâti par l’architecte Gabriel à la demande de Louis XV, il connait des jours intenses sous Napoléon Ier et Napoléon III. Il en garde une décoration et un mobilier de style Empire homogène et magnifiquement rénové. En 1917, les soldats blessés s’entassent sous les hauts plafonds. Ils ignorent qu’il faudra encore un an pour que leurs camarades sortent des tranchées et que tout se déroulera à seulement cinq kilomètres.